APRES LA VOITURE… LES DARK STORES.
Les Dark Stores semblent être la nouvelle cible des grandes villes et notamment de la mairie de Paris.
Aucun citadin ne peut ignorer ces nouveaux magasins et cette nouvelle forme de commerce, sans doute boostée par le confinement du printemps 2020, les « DARK STORES » se développent pour répondre à une demande grandissante.
Comme chacun sait désormais, ces locaux sont des magasins au sein desquels aucun client ne pénètre. S’y activent des préparateurs de commandes passées sur internet ou depuis une application mobile par le consommateur. Le compte à rebours est alors déclenché et tous : GETIR, FLINK, GORILLAS, YANGODELI, DIJA, CAJOO, BAM COURSES, ZAPP… font la même promesse : une livraison ultra rapide aux clients. Généralement, en moins de 15 minutes, la commande est emballée et livrée, souvent à vélo, par un « rider ». Les zones de chalandise sont forcément très réduites et l’environnement du « store » très densément peuplé.
Une nouvelle forme de commerce est née. C’est le magasin qui va au client et ce dernier est servi plus vite que s’il s’était déplacé. La demande est bien là, les habitants des centres-villes en sont friands, et les grands opérateurs précités entendent bien y répondre.
Face à ce développement très rapide, plusieurs grandes villes grincent des dents. Parmi elles, LYON[1] et PARIS. Récemment, Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, a fait part aux lecteurs du JDD[2] de sa vision (moderne ?) du commerce… Et selon lui, il tient la parade à ces magasins qui vont fragiliser le commerce traditionnel : il souhaite que ces locaux soient regardés et traités comme des entrepôts. La raison est simple, en les qualifiant ainsi et non de commerce, il s’assure de pouvoir leur opposer les dispositions du plan local d'urbanisme particulièrement restrictives pour les entrepôts. Effectivement, dans les grandes villes et notamment à PARIS, la construction d’entrepôts, que l’on imagine alors en plateforme logistique autour de laquelle grouillent les poids-lourds, en centre-ville est rarement encouragée par le document d’urbanisme. Ainsi, en qualifiant ces boutiques du Q Commerce comme des entrepôts, le premier-adjoint pense parvenir à leur éradication des centres-villes et compte tenu de leur ADN à leur éradication tout court…
Cette vision est triste, passéiste et malheureusement elle est fréquente : elle rappelle les débats houleux avant l’adoption de la loi ROYER en 1973 supposée réguler le développement des grandes surfaces en France et les réserves des Élus avant la Loi ALUR en 2014 lorsque les Drives ont commencé à fleurir aux abords des ronds-points.
N’en déplaise aux Élus de nos métropoles, ces DARK STORES sont avant tout des « stores », des magasins d’un genre nouveau certes, mais bien des magasins de commerce de détail dont l’objectif est celui de tout magasin : répondre à une demande et à la satisfaction de ses clients. Alors, comme pour les hypermarchés dans les années 70 et pour les Drives dans les années 2010, il faut s’attendre à une évolution de nos règles pour permettre le développement de ces nouveaux commerces…
Car, en effet, il est possible que la ville du futur puisse trouver son inspiration ailleurs que dans le passé et qu’on puisse s’y déplacer autrement qu’à vélo et y faire ses courses autrement qu’avec son panier ou son filet à provisions.
[1] https://www.lyoncapitale.fr/actualite/lyon-la-ville-s-oppose-a-l-ouverture-d-un-dark-store-dans-le-6e-arrondissement [2] Numéro du 18 décembre 2021 « La faim ne justifie pas les dark stores »
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